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Larbinisme et nullité des économistes bourgeois : cela ne date pas d'hier

28 Avril 2014 , Rédigé par energiefaucille Publié dans #Réflexion

Les commentateurs ont un peu tendance à réinventer régulièrement l'eau tiède et, surtout, à s'en vanter. Aussi, depuis le début de l'accélération de la crise économique du capitalisme impérialiste pourrissant, en 2007, certains rédacteurs à la sensibilité de gauche tentent de sauver leurs propres interprétations, le plus souvent keynésiennes, en jetant l'opprobre sur les économistes et autres experts bourgeois qui, invités régulièrement sur les plateaux TV, ont fait l'étalage de leur aveuglement en ne voyant rien arriver alors que l'explosion de la bulle des subprimes était fort prévisible.

 

Les économistes et experts réformistes de gauche en concluent que la science économique a été confisquée dans les médias par des gens qui ne font pas de l'économie, mais de la politique, et promeuvent plutôt la défense du capitalisme que la défense de la science économique. Pas faux, certes. Sauf que ces messieurs dames oublient que cela ne date pas d'hier. Pour preuve, relisons cet extrait de la postface du capital Livre 1 de Karl Marx, rédigé en 1873.

 

"C'est en 1830 qu'éclate la crise décisive. En France et en Angleterre la bourgeoisie s'empare du pouvoir politique. Dès lors, dans la théorie comme dans la pratique, la lutte des classes revêt des formes de plus en plus accusées, de plus en plus menaçantes. Elle sonne le glas de l'économie bourgeoise scientifique. Désormais il ne s'agit plus de savoir, si tel ou tel théorème est vrai, mais s'il est bien ou mal sonnant, agréable ou non à la police, utile ou nuisible au capital. La recherche désintéressée fait place au pugilat payé, l'investigation consciencieuse à la mauvaise conscience, aux misérables subterfuges de l'apologétique. Toutefois, les petits traités, dont l'Anticornlaw-league, sous les auspices des fabricants Bright et Cobden, importuna le public, offrent encore quelque intérêt, sinon scientifique, du moins historique, à cause de leurs attaques contre l'aristocratie foncière. Mais la législation libre-échangiste de Robert Peel arrache bientôt à l'économie vulgaire, avec son dernier grief, sa dernière griffe.

 

Vint la Révolution continentale de 1848-49. Elle réagit sur l'Angleterre; les hommes qui avaient encore des prétentions scientifiques et désiraient être plus que de simples sophistes et sycophantes des classes supérieures, cherchèrent alors à concilier l'économie politique du capital avec les réclamations du prolétariat qui entraient désormais en ligne de compte. De là un éclectisme édulcoré, dont John Stuart Mill est le meilleur interprète. C'était tout bonnement, comme l'a si bien montré le grand savant et critique russe N. Tschernishewsky, la déclaration de faillite de l'économie bourgeoise.

 

Ainsi, au moment où en Allemagne la production capitaliste atteignit sa maturité, des luttes de classe avaient déjà, en Angleterre et en France, bruyamment manifesté son caractère antagonique; de plus, le prolétariat allemand était déjà plus ou moins imprégné de socialisme. A peine une science bourgeoise de l'économie politique semblait-elle donc devenir possible chez nous, que déjà elle était redevenue impossible. Ses coryphées se divisèrent alors en deux groupes : les gens avisés, ambitieux, pratiques, accoururent en foule sous le drapeau de Bastiat, le représentant le plus plat, partant le plus réussi, de l'économie apologétique; les autres, tout pénétrés de la dignité professorale de leur science, suivirent John Stuart Mill dans sa tentative de conciliation des inconciliables. Comme à l'époque classique de l'économie bourgeoise, les Allemands restèrent, au temps de sa décadence, de purs écoliers, répétant la leçon, marchant dans les souliers des maîtres, de pauvres colporteurs au service de grandes maisons étrangères."

 

En réalité, ce thème demeure le problème central de la science dans toute société hiérarchique, où existent des classes ou des couches sociales dominantes : la science est, dans ces sociétés, récupérée par le groupe social dominant, qui s'en sert pour légitimer sa position, ses valeurs, mais surtout les rapports sociaux de production qui organisent la domination du-dit groupe. Il en a été ainsi depuis le début de l'histoire écrite de l'homme. Il en sera ainsi jusqu'au triomphe de la classe prolétarienne et à la disparition des classes, de l'Etat, et des institutions sociales et idéologiques oppressives.

Kléber Bacar

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