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Rosa Parks : une pionnière de la lutte pour les droits des Noirs

1 Décembre 2014 , Rédigé par Jacques FONTENOY Publié dans #almanach révolutionnaire, #Histoire, #Etats-Unis

Les bus de Montgomery comportaient trente-six places assises. Les dix places de devant étaient réservées aux Blancs. Les dix de derrière revenaient aux Noirs. Les seize places intermédiaires étaient laissées à l'appréciation du conducteur.

Jacques Fontenoy

Paru en novembre 2005.

Rosa Parks est morte le 24 octobre 2005 à 92 ans. Le 1er décembre 1955, son geste de refus de céder sa place assise à un Blanc dans un bus de la ville de Montgomery (Alabama) fut à l'origine d'un mouvement de boycott des bus par la population noire de cette ville. Ce boycott fut aussi l'un des premiers chapitres de la lutte menée par les Noirs américains contre la ségrégation raciale, qui allait aboutir à son abolition dans tout le pays en 1964.

Les bus de Montgomery, cette ville de l'Alabama, un État parmi les plus racistes du sud des États-Unis d'alors, étaient utilisés à 75% par la population noire qui, à cette époque, n'avait guère de voitures. Mais les lois ségrégationnistes séparaient, dans le sud des États-Unis, les lieux publics en lieux réservés aux Noirs d'un côté et aux Blancs de l'autre.

Les bus de Montgomery comportaient trente-six places assises. Les dix places de devant étaient réservées aux Blancs. Les dix de derrière revenaient aux Noirs. Les seize places intermédiaires étaient laissées à l'appréciation du conducteur. Dans le meilleur des cas, s'il y avait plus de vingt-six Noirs à bord, ils devaient laisser libres les dix places des Blancs, même s'il n'y en avait aucun à bord. En revanche, en cas d'affluence, la loi imposait que les Noirs cèdent leur place. C'est ce que refusa Rosa Parks, une couturière de 42 ans, et militante d'un mouvement modéré pour les droits des Noirs, la NAACP (Association nationale pour l'avancement des gens de couleur).

Le chauffeur du bus appela la police, elle fut arrêtée, fut jugée et condamnée à payer une amende. La NAACP, décidée à réagir, appela au soutien de l'Église noire locale. Ils créèrent une nouvelle organisation dont la présidence fut donnée à Martin Luther King, un pasteur de 26 ans récemment arrivé à Montgomery. Et ils appelèrent au boycott en faisant adopter par les manifestants trois revendications: traitement courtois dans les bus; le premier arrivé peut s'asseoir (mais les Blancs restaient devant et les Noirs derrière); embauche de chauffeurs noirs.

Dans son autobiographie, Rosa Parks explique que c'était surtout par lassitude à la fin d'une journée qu'elle avait refusé de céder sa place. Mais, dit-elle, sa lassitude venait d'abord de son sentiment de révolte contre le fait que les Noirs devaient toujours céder aux Blancs.

Les Noirs relevaient la tête. Et, pendant 380 jours, à Montgomery, comme Rosa Parks, ils ne cédèrent pas. Ils choisirent de se rendre à pied au travail pour faire céder les autorités. Cette détermination paya: le 13 novembre 1956, la Cour suprême des États-Unis cassait les lois racistes locales. Ce succès allait faire école et le mouvement pour les droits civiques prendre son envol.

La leçon de la modeste couturière de Montgomery vaut toujours. Il ne faut pas laisser passer une injustice, même si on n'a pas toujours comme Rosa Parks la bonne fortune de provoquer un mouvement général de refus !

Jacques FONTENOY

Lutte Ouvrière n°1943 du 28 octobre 2005

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